La neuropathie optique de Leber

Qu’est-ce que la neuropathie optique héréditaire de Leber ?


La neuropathie optique héréditaire de Leber (NOHL ou LHON, pour ses sigles en anglais), connue également comme atrophie optique de Leber (LOA), doit son nom au docteur Theodore Leber, qui en 1871 a décrit un modèle de perte de vision soudaine caractéristique chez des hommes jeunes ayant des antécédents familiaux de cécité. Il s’agit de la neuropathie optique plus habituelle, sa cause est une mutation mitochondriale et sa prévalence et faible, mais dans la plupart de zones géographiques, elle n’est pas connue. Au nord-est d’Angleterre et Finlande, elle touche 1 personne sur 31.000 ou 50.000 respectivement.

Normalement, elle touche dans une plus large mesure les hommes jeunes d’entre 18 et 35 ans, même si elle peut aussi toucher des enfants plus petits ou des adultes de plus de 35 ans. Chez les femmes, elle a une incidence beaucoup moins forte.

Normalement, elle cause une perte grave de vision aux deux yeux. Dans la plupart des cas, elle touche d’abord un œil et, après quelques semaines ou mois, elle touche le deuxième.

image d'une personne ayant une vision normal
image a gauche avec une vision normal
image d'une personne ayant une une vision atteinte de neuropathie optique de leber
الرؤية اليمنى لشخص مصاب باعتلال العصب البصري لليبر

Pourquoi se produit-elle ?


Même si la plupart de notre matériau génétique (ADN) est localisé au noyau des cellules, une petite partie se trouve dans les mitochondries (ADN mitochondrial).

Les gènes du noyau sont hérités des deux parents biologiques. Néanmoins, les gènes mitochondriaux ne sont hérités de la mère. Cela veut dire qu’un homme avec une mutation de l’ADN mitochondrial ne la transmettra pas à ses enfants, tandis qu’une femme avec la même mutation la transmettra à tous ses enfants.

Dans 90-95% des cas de NOHL est dû à une de trois mutations concrètes de l’ADN mitochondriale. Mais un pourcentage considérable des personnes atteintes de ces mutations ne développe jamais les symptômes de la maladie. Plus concrètement, seulement un 10% des femmes et un 50% des hommes porteurs d’une de ces mutations va développer la neuropathie optique. Cela veut dire que d’autres facteurs, soit génétiques (mitochondriaux ou nucléaires) soit environnementaux exercent un effet et déclenchent la perte visuelle. Par exemple, la consommation de tabac ou des grandes quantités d’alcool chez des personnes porteuses de ces mutations augmente le risque de développement de la maladie.

Symptômes


Typiquement, les personnes porteuses de NOHL demeurent asymptomatiques jusqu’au moment où elles éprouvent la perte de vision, de manière plus ou moins rapide, dans un œil, et quelques semaines ou mois après, dans l’autre œil. La vision empire pendant quelques semaines jusqu’à qu’elle devient profonde et, dans la plupart des cas, la vision central (essentielle pour des tâches telles que lire, conduire ou reconnaître des visages) est affectée gravement et en permanence dans les deux yeux, même si certaines personnes éprouvent une certaine récupération visuelle après un certain temps. Cette perte de vision permanente est due à la mort des cellules du nerf optique, chargé de transmettre les images des yeux au cerveau.

Même si la perte de vision est le seul symptôme chez la plupart des patients atteints de NOHL, des arythmies cardiaques, ainsi que des troubles neurologies (tremblement postural ou d’autres troubles du mouvement) ont été décrits parmi ces patients.

Diagnostique


Cette photo est issue de travaux de recherche sur la thérapie génique dans le traitement de la cécité .On distingue les cellules photoréceptrices à cônes (en vert) ayant intégré le gène


C’est une maladie avec une diagnose difficile pour plusieurs raisons. D’abord, il s’agit d’une maladie héréditaire, mais qui ne se manifeste pas chez toutes les personnes atteintes de la mutation. C’est pourquoi, elle peut survenir sans aucune constance d’antécédents familiaux de la maladie.

Afin de la diagnostiquer, il est souvent nécessaire de réaliser une évaluation neuro-ophtalmologique exhaustive et des analyses de sang évaluant l’ADN mitochondriale.

Lors de l’analyse du fond de l’œil, on observe d’abord une microangiopathie et un gonflement de la couche de fibres nerveuses péripapillaire, qui évolue vers une atrophie optique.

Traitement


Alors que les options de traitements étaient jusqu’ici très limitées, des chercheurs de l’Inserm, de Sorbonne Université et du CNRS à l’Institut de la Vision à Paris ont conçu une approche de thérapie génique pour ces patients. Les résultats d’un essai clinique mené sur 37 patients et publiés dans la revue Science Translational Medicine, montrent que ce traitement améliore de façon significative la vision de ces patients. GenSight Biologics (EURONEXT: SIGHT), une start-up issue de l’Institut de la vision, a mis au point et réalisé le développement clinique de ce traitement. Celui-ci a ensuite été évalué dans un essai clinique international multicentrique produit par un consortium en Europe et aux Etats-Unis, comprenant les équipes de Patrick Yu-Wai-Man de l’UCL Institute of Ophthalmology et de José-Alain Sahel (professeur à Sorbonne Université et directeur de l’Institut de la Vision) à la Fondation Ophtalmologique Rothschild et du CHNO des Quinze-Vingts.